Une photo d’Andreas Gursky, un record pour la photographie contemporaine, pourquoi ?

Andreas Gurky titre Rhein II date 1999 record 2011 2

8 novembre 2011 : record actuel
Andreas Gursky intitulé  » Rhein II  » (1/6 exemplaires)
4,3 millions de dollars (soit 3,1 millions d’euros)
adjugé chez Christie’s à New York

Pourquoi cette photo a-t-elle atteint ce prix ?
1) Andreas Gursky a le statut d’artiste n°1 de la photographie actuelle. Ce statut lui a été donné par un consensus d’experts-spécialistes c’est à dire de galeristes, conservateurs de musées, grands collectionneurs, critiques d’art, et des historiens de l’art de la photographie contemporaine.

2)  » Rhein II  » a été tirée en 6 exemplaires. Il s’agit ici du tirage n°1 qui est plus grand que les 5 autres. Donc tirage en peu d’exemplaires et unicité de ce tirage fait entrer en jeu le facteur  » rareté « .

3) Quatre autres des 6 tirages sont dans des collections publiques dont le MOMA de New-York et la Tate Modern de Londres.

Qu’est ce que ça démontre sur le plan du marché de l’art ?
Il s’agit d’une vente au second marché : la vente profite au propriétaire actuel et pas directement à l’artiste.
On appelle  » premier marché  » celui alimenté par les œuvres sortant de l’atelier des artistes. Elles sont, le plus souvent, mises en vente par les galeries.
Il y a de bonnes raisons de croire que les prix de la photographie vont continuer à augmenter. Il y a de plus en plus de collectionneurs près à investir dans les œuvres de photographes actuels.

Éléments de langage :

Comment lire cette photo ?
Il s’agit d’un paysage abstrait, une image proche de l’art minimal. Elle renoue avec un genre de prédilection en Allemagne, le paysage et avec un axe de recherche fréquent chez les artistes allemands : la relation entre l’homme et la nature.

Le Rhin n’est identifiable que par le titre mais ce fleuve est une image d’Epinal allemande. Rien que son nom est évocateur d’images. Par sa représentation minimaliste, il est traité ici comme un concept.

Gursky nous montre ici un paradoxe : la photographie est le médium supposé incarner une quête de la fidélité à la réalité. Ce n’est pas le cas ici car cette photo s’échappe totalement de la réalité. Seul le titre nous ramène à celle-ci.
Par la façon dont les lignes et les couleurs sont exploitées, elle est comparable à une peinture.

Cette image est à la fois d’une grande simplicité mais aussi d’une grande efficacité dans la façon dont elle crée une atmosphère.

Que dire de l’artiste ?
Les photographies de Gursky sont en général d’extraordinaires réalisations techniques. Il utilise les technologies de retouche d’image numérique les plus abouties. Des mois de travail lui sont parfois nécessaires pour créer l’image qu’il désire.

Il évacue des éléments du cliché originel pris à la volée pour construire des images épurées ou duplique certaines parties du cliché pour créer une impression d’infini. Quand il déroule ce processus, le travail de Gursky est proche de celui du peintre.

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